PASQUIN
Sur ce point nous avons longuement discouru
Revenir à nos bases serait le bienvenu.
Si nous examinions de près et clairement
Le problème du travail en son état latent.
Quels en sont par exemple les effets immédiats
Pour ceux qui sans relâche avancent leur trépas
À cause des journées de labeur incessant
Que subissent ces êtres le courage aidant,
En pensant au temps de repos bien gagné
Dont ils jouissent le soir complètement vannés.
Cela n'est pas assez il leur faudrait bien plus
Afin de se détendre, ce devrait être un dû !
Et je ne parle pas de ceux qui sans le sou
Recherche du travail. Un petit malgré tout
Geste de ce côté serait pas déplacé
Je dirais même mieux, serait plus que souhaité !
JOCRISSE ( à Pasquin )
Ce doit être pour vous un infime oubli
Que d'omettre de dire avec un goût exquis
L'important de la chose qui devrait résulter
D'un discours qui au reste vous incite à pleurer.
L'important c'est bien simple, mais ce sont les congés.
On ne peut même avec la meilleure volonté
Oublier un instant ce peu de liberté.
Car c'est bien là pour sûr que venir vous voulez ?
Quant aux malheureux qui se trouvent au chômage
Je ne peux que leur dire gardez votre courage.
PASQUIN ( à Jocrisse )
Vous comprenez très vite, vous avez de l'esprit!
Et des notions très pures vous êtes aussi épris!
J'aime voir avec quelle légèreté soudaine
Vous traitez ces problèmes sans avoir de la peine.
MAYEUX ( regardant Paillasse et Pasquin )
( Plan d'un caméraman )
Pourquoi me faudrait-il encore vous écouter
Vos discours sont fanés et de plus désuets
De sens éthique ! comme ce serait souhaitable
Pour ma part je crois qu'il serait désirable
De s'en tenir aux faits, et non aux bruits qui courent.
Il est certain que c'est un bien joli recours
Qui vous sert aujourd'hui à préparer le peuple
Au mécontentement, ainsi qu'à une émeute.
Cela n'est pas Messieurs digne de gens honnêtes
Et de ces fanatiques vous en êtes la tête.
PAILLASSE ( à Mayeux et à Jocrisse )
( Plan d'un caméraman )
Ce que nous désirons vous le savez déjà.
Nous voulons le bonheur en ce monde ici-bas.
Ce n'est pas somme toute avec vos bagatelles
Que vous nous proposez à la place de celles
Que nous avons subies tout en luttant contre elles
De nombreuses années. Ah oui ! je me rappelle !
Ce n'était pas bien beau. Aujourd'hui c'est fini
Car le peuple je crois a cette fois compris
Où est son intérêt, afin que aisément
Il puisse vivre libre et sans besoin d'argent.
JOCRISSE ( à Paillasse et à Pasquin )
( Plan d'un caméraman )
L'argent! vous n'avez que ce mot à la bouche.
La vie est faite d'amour, enfin tout ce qui touche
La personnalité, la famille, je ne sais…
Des exemples, y en a plus que vous ne le croyez!
Et je crois fermement que de toutes ces valeurs,
Le français en a pris le parti le meilleur.
Qu'il nous donne toute confiance ! ainsi qu'à ceux
Qui travaillent sans relâche afin qu'il vive mieux
Dans un cadre nouveau qui sera sûrement
L'apogée de la France grâce à son changement.
PASQUIN ( à Jocrisse et à Mayeux )
( Plan d'un caméraman )
Si la société est comme en fait je le pense
Une somme d'individus ayant une conscience
Une chose l'intéresse. Une seule seulement
J'insiste sur ce point qui est assurément
La clef de toute chose ayant en soi une fin
C'est de savoir en fait quel sera son destin.
En effet, si demain elle sait qu'avec vous
L'avenir n'est pas bien assuré malgré tout,
Elle vous balayera comme un fétu de paille
Et ce sera à nous de prendre le gouvernail !
( levant les bras au ciel )
RIDEAU