MAYEUX
Eh bien ! Messieurs, eh bien ! Dites-moi, quel tintouin !
Si vous continuez, vous en viendrez aux mains.
Or l'affaire a besoin pour la mener à bien,
Que nous l'examinions de près et avec soin.
Toutefois, je voudrais avant de commencer
Formuler un vœu simple et sans arrière pensée.
Vous savez ! Mais je sais que vous me connaissez.
( Plan d'un caméraman.)
(Mayeux pose prétentieusement )
Je suis un homme simple, n'aimant pas regimber.
Et sur toutes les choses, j'ai toujours essayé
D'en arranger les fins. Aussi de démêler
Les subtils contours que quelques fins limiers
S'amusent par amour à bien imaginer.
Pour ma part je suis sûr et je m'en félicite
Qu'avec l'esprit clair on peut voir la suite
Et distinguer ainsi avec juste raison
La flamme qui anime toutes les passions.
C'est pour cela Messieurs que je ne voudrais pas
Par de sottes paroles achever le débat.
Au contraire, je vais en deux mots expliquer
De ce que j'ai perçu, l'important à tirer.
Eh bien Monsieur Pasquin, je ne suis pas content.
Un autre à ma place en dirait tout autant.
Je ne prends point parti, mais enfin pensez-vous
Le zeste d'un instant aux effets si l'on vous
Étalait le fruit vert non sans ménagement
Au goût comme le fiel, autrement dit piquant.
Eh oui Monsieur Pasquin, cela n'est pas joli
D'affirmer une chose avec tant d'appétit !
Il arrive que parfois sans même le vouloir
On prête des propos bien souvent dérisoires.
Mais voyez-vous il est une vérité sûre
À laquelle j'attache une pensée pure,
C'est de ne rien contrer, jamais qui ne soit vrai.
Cela est difficile, j'avoue en vérité.
Car du vrai et du faux bien malin qui saura
Démêler le bon fil. Le problème il est là.
PASQUIN ( à Mayeux )
Je sais…à démêler il faut assurément
Tenir la bobine avec art, et pourtant
Je crois qu'à ce jeu là vous êtes bien un sot,
Et êtes fort habile à vous mêler les mots.
Ah ! il est aisé de critiquer les autres
Alors que vous êtes un des fervents apôtres
Du pouvoir et de ceux qui mènent la barre
De ce puissant fléau. Devant les yeux hagards
De milliers ! Que dis-je de millions de français !
Qui cherchent vous le savez la simple vérité !
(Pasquin remontre le public tout en regardant le caméraman.)
MAYEUX (choqué, s'adressant à Jocrisse)
Que de haine vraiment pour de honnêtes gens !
Dont l'unique souci est d'être accommodants.
JOCRISSE ( à Mayeux )
Aussi de travailler avec acharnement
Sans avoir pour autant des moments distrayants
À la véritable et unique des causes
Qui n'est pas, je vous dis, prête à être close.
MAYEUX ( à Jocrisse )
Ambassadeurs de Dieu dans notre société,
Ils savent avec aisance tirer les vers du nez
Des faux témoins qui veulent avec véracité
Prouver à leur façon l'unique vérité.
JOCRISSE ( à Mayeux )
Ainsi que de leur force ils usent à mourir,
Afin que de leur vie ils plaisent à servir !
PAILLASSE ( posant son stylo)
Ne pouvez-vous parler un langage plus net !
Ou alors c'est moi avec ma pauvre tête
Qui n'entends rien du tout ! Ceci me direz-vous
Et digne de quelqu'un à l'esprit un peu fou.
Mais je ne suis pas démagogue comme vous
Et d'une chose claire j'aimerais malgré tout
Que l'on fît moins de bruit autour d'un tel sujet !
Sans toutefois nier le plus grand intérêt
Que l'on doit porter à cette noble cause,
Celle dont tous ces gens comme vous dites disposent
Fort mal en vérité. Car en fait dites-moi
Sur les prix par exemple que l'on montre du doigt,
Ne les trouvez-vous pas un peu trop élevés
En proportion du pouvoir d'achat des français ?
( Plan d'un caméraman)
à suivre...